mardi 8 décembre 2009

Démarche scientifique

Le manque de démarche scientifique de mes concitoyens (entendre Terriens) m'étonne toujours. Il me parait surprenant que notre société ne paraisse pas consciente de la nécessité d'inculquer un esprit scientifique dès le plus jeune âge. Je parle bien ici de démarche scientifique et non pas de connaissance. Autant la connaissance des sciences n'est pas forcément importante en soit, autant l'esprit scientifique, c'est-à-dire la démarche rationnelle, le questionnement, la remise en cause permanente, la notion d'ordre de grandeur et d'incertitude, me semble fondamentale pour comprendre et faire évoluer le monde vers le meilleur.

Plus la société avance, plus le problème me semble criant. Comment être capable de faire le tri dans le torrent d'informations qui est à notre disposition  si l'on n'est pas capable de s'interroger sur la validité de celles-ci ? Le fait de ne pas être capable de faire ce tri n'est pas lié à un manque d'intelligence ou à une quelconque inaptitude à juger, mais vient bien souvent de l'ignorance même des questions qu'il convient de se poser ou de la méthode à appliquer pour exercer son discernement. Une information devient valide en fonction de la qualité de celui qui la propage ou même parfois en fonction du moyen par lequel elle est propagée. Une information transmise de proche en proche par courriel acquiert souvent force de vérité bien qu'il soit impossible d'en retrouver l'origine . C'est ainsi que des informations grossièrement fausses ou déformées sont transmises sous la forme de chaînes que l'on transmet soi-même en étant persuadé détenir une vérité cachée qui nous valorise parce que l'on sait ce que d'autres ne savent pas. La plus élémentaire démarche scientifique consisterait à mettre immédiatement en cause une information anonyme et non datée ; c'est la notion de "références", base d'une publication scientifique : on appuie ses travaux ou ses hypothèses sur ce qui est déjà publié et reconnu par les pairs. La deuxième étape consisterait à vérifier si la théorie énoncée est crédible et est compatible avec ce qui est établi par ailleurs. La troisième phase  implique de vérifier si les informations sont recoupées par d'autres preuves sérieuses ou si le résultat est reproductible. Ce genre de questionnement s'applique dans les tous domaines qu'il soient liés aux sciences au sens habituel du terme ou non.

On pourrait citer de nombreux exemples glanés dans les médias par exemple, où la démarche scientifique est grossièrement  bafouée. Une erreur très commune est de citer une valeur absolue sans la rapporter à une référence. "Il y a eu 1000 cas de grippe A" entend-on. Sous entendu "c'est vraiment beaucoup", mais on ne dit ni où, ni sur qu'elle période. "La grippe A est vraiment très dangereuse, il y a eu 100 morts la semaine dernière…", et combien l'an dernier à la même époque pour la grippe saisonnière ? Combien de mort du paludisme en Afrique la semaine dernière ? Un chiffre absolu n'a aucune signification s'il n'est pas remis dans son contexte.

Cette absence de démarche scientifique permet finalement une manipulation aisée des masses ; il suffit d'énoncer de la bonne manière sa vérité pour faire réagir le public dans le sens que l'on souhaite. C'est à tel point qu'il serait aisé de franchir le pas et de supposer que l'ignorance est entretenue à dessein. Ce pas, je ne le franchis pas, car le monde politique n'a lui-même que très peu de conscience scientifique et n'est certainement pas capable de manipuler de cette manière… ou bien ?

1 commentaire:

  1. ... Ou bien les politiques étant à l'égal de leurs compatriotes et n'ayant eux aussi aucune démarche scientifique ne font que relater à leurs concitoyens les informations qui leurs sont apparues importantes, faute de références pour les relativiser. Une sorte de "politique du coiffeur à l'échelle macroscopique".

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